À la découverte du Delta de l’Èbre en fourgon aménagé

Le Delta de l’Èbre, ça vous parle ? Situé au sud de la Catalogne, nous n’en avions jamais entendu parlé avant notre arrivée en Espagne ! C’est vraiment en nous renseignant sur les coins sympas à explorer entre la Navarre et la région de Valence que nous avons pris conscience qu’il existait également une sorte de « petite Camargue » dans l’Est de l’Espagne.

Dans cet article, nous retraçons donc nos quelques jours passés en pleine nature, dans le Delta de l’Èbre. Comme d’habitude, vous pouvez simplement accéder à la partie qui vous intéresse ou dérouler l’article dans son ensemble pour un regard plus large de notre exploration du Delta de l’Èbre :

  1. Quelques infos sur le Delta de l’Èbre
  2. Comment accéder au Delta de l’Èbre ?
  3. Que voir dans le Delta de l’Èbre ?
    1. Le nord de l’Èbre à vélo
    2. L’extrémité orientale du Delta de l’Èbre, à l’embouchure de l’Èbre dans la mer Méditerranée
    3. Le sud de l’Èbre
  4. Où dormir en fourgon aménagé dans le Delta de l’Èbre ?

Quelques infos sur le Delta de l’Èbre

Le Delta de l’Èbre est situé à l’extrême sud de la Catalogne, à mi-chemin entre Barcelone et Valence. Il tient son nom de sa situation, car il est situé l’embouchure du fleuve de l’Èbre dans la mer Méditerranée.

Le parc naturel du Delta de l’Èbre, créé en 1983, est un paradis de 320 km2 pour observer les oiseaux dans leur habitat naturel ! Il s’agit d’ailleurs d’une zone de protection des oiseaux. On peut y observer plus de 300 espèces d’oiseaux différentes, vous imaginez un peu ? Un peu partout dans le parc naturel, on retrouve ainsi des miradors, points d’observation de toutes ces espèces.

Quand on vous parlait de « petite Camargue » un peu plus haut, ce n’était pas une comparaison totalement inexacte ! Le parc a été nommé zone humide d’intérêt international. En effet, il s’agit de la seconde plus importante zone humide (après la Camargue) de l’ouest méditerranée.

C’est ainsi que les paysages dans le Delta de l’Èbre se sont construits autour de la rivière et de la mer avec des baies, plages et leurs dunes associées, marais salants, lagunes, îles et rizières. Les rizières du Delta de l’Èbre produisent d’ailleurs plus de 30% du riz en Espagne, c’est dire leur importance !

Que dit zone humide dit généralement moustiques… Une chance pour nous, début avril, ils n’étaient pas de la partie ! Cependant si vous venez dans le coin, durant le printemps, l’été et l’automne (mai à octobre), pensez bien à vous protéger de leurs piqûres avec un puissant anti-moustiques.

Comment accéder au Delta de l’Èbre ?

Situé à environ 2h de route de Barcelone ou de Valence, un véhicule sera indispensable pour profiter au mieux du parc naturel du Delta de l’Èbre.

Pour arriver au Delta de l’Èbre, nous avons traversé Amposta, une ville de 21 000 habitants, où passe le fleuve de l’Èbre. D’autres villages comme L’Ampolla, Camarles, L’Aldea (situés au nord de l’Èbre) ou encore Sant Carles de la Rapita (au sud de l’Èbre) sont également des points d’entrée dans le parc naturel.

En situation centrale, on retrouve la ville de Deltebre, la plus grande ville du parc naturel, ainsi que sa jumelle située de l’autre côté de l’Èbre, Sant Jaume d’Enveja.

Des centres d’information sont présents dans toutes ces différentes villes. Il y en a également quelques autres dans le parc naturel. Début avril, nous avons tenté de nous rendre à celui de Riumar pour obtenir une carte papier de la région et quelques informations. Manque de chance pour nous, il était fermé. Nous nous sommes finalement rabattus sur le centre d’information situé à côté de la lagune de L’Encanyissada.

Pendant la saison touristique basse, très peu de commerces et centres d’information restent ouverts. Renseignez-vous donc bien concernant les périodes d’ouverture en amont pour éviter les mauvaises surprises !

Que voir dans le Delta de l’Èbre ?

Randonnées pédestres, à vélo ou excursions fluviales sont tous autant de moyens pour explorer la région ! Et notamment, l’absence de relief fait du Delta de l’Èbre un terrain de jeu très accessible pour parcourir la région à vélo. Attention cependant au VENT, qui peut souffler très fort dans le delta. Les grandes étendues plates et les peu nombreuses habitations ne seront alors pas d’une grande aide pour couper le vent…

De notre côté, nous avons privilégié nous balader à pieds et prendre la route avec Mike, notre fourgon aménagé, entre les différents points d’intérêt. Nous avons aussi loué des vélos pour une journée afin de découvrir la partie nord du Delta de l’Èbre. On vous raconte tout ça dans la suite de l’article !

Le nord de l’Èbre à vélo

Au départ de l’écomusée, à Deltebre, un circuit vélo (itinéraire 3) remonte vers la partie nord du Delta de l’Èbre. De notre côté, nous avons choisi de bifurquer pour nous diriger vers la Pointe de Fangar (Punta del Fangar). La piste n’est pas idéale avec nos vélos de ville car cabossée et rocailleuse. Ce n’est pas très agréable pour nos fessiers !

Arrivés au début de la pointe, on pose nos vélos et on observe un peu les pêcheurs perchés sur les rochers près du restaurant (ouvert seulement pendant la haute saison). C’est ensuite parti pour une bonne marche jusqu’au phare de Fangar. Les paysages qui nous entourent sont magnifiques : des dunes de sable mobiles à notre gauche et la Plage de Fangar (Platja del Fangar) à notre droite. Tout au long de la balade, des mirages nous jouent des tours… Ils nous font croire que nous sommes entourés par de l’eau (mer ou lagune, même la carte ne semble pas le savoir !). Environ 1h30 plus tard, on se pose au pied du phare pour un pique-nique bien mérité !

On repart ensuite en longeant la Baie de Fangar (Badia del Fangar) jusqu’au Port de Fangar (Port del Fangar). Des centaines de flamands roses ont élu domicile dans la baie. Ils sont très peureux et maintiennent un cercle de confiance assez étendu, ce qui nous empêche de les approcher. Mais même de loin, on les observe tour à tour se déplacer en groupe, pêcher dans les eaux peu profondes de la baie ou encore déployer leurs longues ailes blanches, roses et noires pour voler au-dessus de nos têtes pour notre plus grand bonheur !

Notre chemin se poursuit ensuite vers Les Olles où l’on découvre la plus petite lagune du Delta de l’Èbre : la lagune Les Olles (Basse de Les Olles). Il est possible de faire le tour de la lagune à vélo ou à pieds. Depuis les 4 mètres de haut du mirador, on observe à la fois la lagune et les oiseaux qui la peuple.

Le retour vers Deltebre est particulièrement difficile avec un violent vent de face qui décuple intensément nos efforts. Dans les virages, le vent qui arrive par le côté nous pousse même vers le fossé ! Il nous faut lutter pour continuer de pédaler et surtout, d’avancer.

Pour vous donner une idée, cette boucle nous a pris une journée (marche jusqu’au phare de Fangar incluse), en prenant notre temps et avec un vent très fort sur le retour.

Ne vous attendez pas à de jolies pistes cyclables sur l’entièreté des circuits vélo. La plupart sont des pistes de terre cabossées voir un peu rocailleuses. Le mieux est de les parcourir en VTT plutôt qu’en vélo de ville si possible.

Il est tout à fait possible de circuler entre les différents points d’intérêt avec un véhicule plutôt qu’à vélo.

L’extrémité orientale du Delta de l’Èbre, à l’embouchure de l’Èbre dans la mer Méditerranée

On se gare près de la plage de Riumar (Platja de Riumar), dans une petite ruelle perpendiculaire à la grande rue longeant la plage. Une belle promenade avec des pontons en bois à été aménagée le long de la plage et des dunes attenantes pour préserver le site.

Un peu plus loin, nous continuons notre balade vers l’Île de Buda (Illa de Buda). Il n’est pas possible d’y accéder sans autorisation car il s’agit d’une espace protégé. Mais il est tout de même possible de l’observer depuis le mirador situé juste à côté du phare. Tout proche, il y a également la lagune de Garxal (Bassa del Garxal), formée de petites îles. En soit cette lagune est située juste entre la zone urbanisée de Riumar et la zone protégée de l’Île de Buda.

Autour de nous, nous entendons les oiseaux piailler sans relâche.

Le sud de l’Èbre

Pour notre troisième et dernier jour dans le Delta de l’Èbre, direction sa partie sud, située sous l’Èbre !

On commence notre journée au niveau de la lagune L’Encanyissada qui est la plus grande lagune du Delta de l’Èbre ! Autour de la lagune, on retrouve 4 points de vue différents. Parfait pour prendre un peu de hauteur pour observer les oiseaux ! Pour faire le tour de la lagune, des vélos sont indispensables. Nous nous sommes donc contentés de monter aux deux miradors les plus proches du centre d’information (qui était ouvert lors de notre passage !). Le centre d’information est d’ailleurs situé dans une maison typique de la région, la maison de Fusta (Casa de Fusta) ou l’on retrouve un musée ornithologique. La journée étant ensoleillée, on a passé notre tour et plutôt profité des balades aux alentours, on vous l’avoue !

Nous prenons ensuite la direction du village de Poble Nou del Delta, situé juste à côté. Il s’agit d’un petit village créé après la guerre civile espagnole. L’objectif initial étaient de créer un village pour les agriculteurs de la région (rizières, marais salants et pêche). Aujourd’hui, le tourisme a repris le dessus. Mais il reste toujours les maisons blanches aux toits plats qui entourent l’église. Son clocher est d’ailleurs visible de loin, depuis plusieurs points dans le Delta. Les rues sont bordées de palmiers. C’est très joli !

La Plage du Trabucador (Platja del Traducador) constitue notre avant-dernière étape dans le Delta de l’Èbre. Cette plage de sable fin relie la Pointe de la Banya (Punta de la Banya) au continent par un banc de sable d’environ 6 kilomètres. Pour observer la pointe, il faut se garer sur le parking dédié situé au début de banc de sable puis marcher jusqu’aux salines de la Trinitat. Sachez tout de même que la pointe de la Banya est une zone protégée où il est interdit d’accéder, même à pieds.

Le coucher de soleil depuis la plage du Trabucador est, paraît-il, magnifique ! Nous avons passé notre tour car l’appel de la route était plus fort.

Mais un dernier arrêt nous titille avant de quitter la région : la lagune de la Tancada. C’est surtout la centaine de flamands roses qui y cherchent activement à manger qui nous intéresse ! L’heure tourne mais on ne peut s’empêcher de s’attarder pour capturer encore quelques clichés de ces oiseaux si particuliers !

Où dormir en fourgon aménagé dans le Delta de l’Èbre ?

Il n’est malheureusement pas autorisé de camper dans le parc naturel du Delta de l’Èbre. C’est d’ailleurs le cas dans tous les parcs naturels en Espagne. Il en va de même pour les fourgons aménagés et camping-cars.

Toutefois, en hors saison, nous n’avons pas eu de soucis à nous poser deux nuits de suite sur le même spot sauvage, face à la baie de Fangar, entre le port du même nom et la lagune Les Olles.

Pendant la haute saison touristique, il est sûrement préférable de se poser dans un camping ou sur une aire de service. Cela évitera de se faire déloger par la Guardia mais à vous de voir !


On va finir cet article avec un point préservation de l’environnement. En effet, nous avons pu discuter avec des locaux lors de notre passage dans le Delta de l’Èbre. Ils nous ont fait part de leurs inquiétudes concernant la préservation de l’écosystème dans la région…

Car aujourd’hui, le Delta de l’Èbre est malheureusement en danger. Trois grandes problématiques s’ajoutent les unes aux autres et mettent péril son écosystème, unique au monde.

Nous allons essayer de vous les résumer de manière succincte ici :

  • Le Delta de l’Èbre régresse d’une manière inquiétante et perd de plus en plus de terrain. Ceci est lié au manque de sédimentation de la rivière en lien avec les barrages réservoirs construits par le passé. Les sédiments se sont alors déposés au fond de ces réservoirs au lieu d’atteindre le Delta.
  • Le Delta de l’Èbre s’affaisse sous le niveau de la mer. Le piétinement des terres associé à l’affaissement naturel des sédiments n’est aujourd’hui plus compensé par la sédimentation de la rivière. Si en plus on y ajoute le facteur du réchauffement climatique et de la montée des eaux, on frôle la catastrophe…
  • L’eau de mer pénètre de plus en plus dans le Delta de l’Èbre. Cela conduit donc à un changement de la salinité de l’eau. C’est une conséquence direct de la réduction du débit d’eau douce de la rivière qui débouche dans la mer et donc de ces fameux barrages réservoirs.

Ainsi expliquée, la situation apparaît comme catastrophique et c’est malheureusement le cas. Il est donc urgent de mettre en place de grosses actions pour maintenir de manière pérenne l’écosystème du Delta de l’Èbre.

Actuellement les solutions proposées ne semblent pas adéquates pour protéger la faune et la flore locale. L’un des projets assez controversé dans la région est la création d’un profond canal entre la terre ferme et la Pointe de la Banya pour pérenniser le commerce de sel produit par les marais salants situés sur la Pointe. Les nombreux tags en catalan dans la région traduisent d’ailleurs la non-unanimité du projet…


Vous aviez déjà entendu parler du Delta de l’Èbre avant de lire cet article ? Est-ce que, comme nous, vous êtes sensibles aux problématiques environnementales en voyage ?

Dans tous les cas, dites nous si cette destination vous inspire et n’hésitez surtout pas si vous avez des questions ou souhaitez partager votre expérience dans les commentaires !


Prenez soin de vous,

Julien & Morgan

Commentaires

2 commentaires

  • CLAVILIER

    Bonjour,
    J’ai beaucoup apprécié votre compte rendu sur le Delta, et nous envisageons visiter le delta mi mars, à quel endroit pensez vous qu’il est préférable de prendre un hôtel afin de pouvoir rayonner facilement en voiture, à pied ou en vélo ? et combien de jours sont nécessaires pour visiter agréablement ?
    Merci de votre retour,
    Cordialement’
    Mme Clavilier

    • Julien & Morgan

      Bonjour Madame,

      Un grand merci pour votre commentaire qui nous fait très plaisir 😊

      Pour le logement, vous pouvez regarder du côté de Deltebre ou de Saint Jeaume d’Enveja pour être central et rayonner facilement.
      Si vous souhaitez prendre le temps et faire de belles balades, je dirais que 4-5 jours est la durée parfaite. De notre côté, nous y étions restés 3 jours plein, mais nous aurions pu rester quelques jours de plus avec plaisir.

      Belle journée,
      Morgan

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